L'exposition
Monacophil 2011 ouvrira ses portes dans quelques heures.
A l'occasion de cette manifestation exceptionnelle, j'ai sorti de l'un de mes albums une pièce qui ne l'est pas moins :
MONACO, 3 F brun-carminé, "Rade et vue de Monte-Carlo" (n° 180 du catalogue Yvert & Tellier), feuille de 25 exemplaires (1)
rayée en diagonale (2), très spectaculaire et superbe **,
la SEULE connue à ce jour !
(1) N° X9009 (n° décalé), imprimée en taille-douce (rotative) le 15 janvier 1943, sur la presse "104".
(2) Il ne s'agit pas d'un quelconque défaut d'encrage ou d'essuyage mais bien le résultat d'une rayure
délibérée du cliché.
Personnellement, j'émettrais deux hypothèses pour l'expliquer :
- Une annulation de fin de tirage, visant à empêcher l'utilisation ultérieure du cliché. Un peu comme dans le monde de l'estampe : lorsque la dernière estampe est tirée, le cliché est rayé, empêchant tout tirage ultérieur et le limitant ainsi au nombre désiré par l'artiste. Je ne pense pas que ce soit la règle chez les imprimeurs de timbres.
- Une annulation résultant d'un problème de confection du cliché. Quatre timbres de la seconde colonne présentent en effet un curieux manque d'encrage. Ce dernier semble résulter d'un mauvais moletage. L'imprimeur s'en est peut-être rendu compte et a décidé de rebuter le cliché. Il l'a alors annulé pour éviter de le confondre avec un autre cliché, parfait celui-ci.
Quelle que soit la bonne, le cliché annulé
a servi !
Pourquoi ? Afin de vérifier le résultat de l'annulation ? A cause d'une confusion avec un "bon" cliché (2e hypothèse) ?
Un imprimeur (Daniel, à vous de jouer ;-) nous donnera sans doute la clé de cette étonnante "variété"...
Indice : ? E
Inv. PM TP 266
PS : si vous avez décidé d'aller à
Monacophil ce week end, n'hésitez pas à me rendre visite sur le stand du
Comptoir Philatélique de Monaco, pour lequel je travaille, histoire de faire connaissance et discuter de timbres "pas comme les autres". Alors, à bientôt je l'espère...
Voici la réponse de Daniel SIMON, ancien de l'ITVF, tirée de son
blog fort intéressant et qu'il m'a autorisé à publier :
Il est bien évident que peu de personnes se souviennent de l'évènement en 1943, mais il est possible d'émettre cette hypothèse plausible :
Il y a eu apparemment un manque de pression au moletage sur une rangée de timbres, occasionnant une feuille fautée sur trois, mais avec des difficultés pour le voir.
Il aurait été nécessaire de refaire la clicherie sur la presse à moleter, c'est-à-dire les trois coquilles pour faire un tour de cylindre complet, mais en cette période troublée et les difficultés... La quantité de feuilles pour un tirage de Monaco n'est pas trop importante.
Enlever une coquille sur trois, ce n'est pas possible. Pour éviter une erreur et de retrouver des feuilles fautées parmi les bonnes, il a dû être décidé de marquer définitivement la coquille défectueuse avec cette croix, cette rayure profonde, pour reconnaître les mauvaises feuilles et les sortir du tirage.
Malgré la quantité de feuilles supplémentaires, un tiers en plus, cela a dû revenir moins cher et être plus rapide que de refaire les clichés.
Ce n'est pas une annulation pour fin de tirage, les clichés étant conservés en cas où ... et annulés avec une grosse rape sur toute la surface juste avant leur destruction et la refonte du métal.
A noter que ce n'est pas la presse TD 104, cette dénomination n'existait pas encore, mais l'identification du conducteur IU 4, ou IO 4, 4 étant peut-être le numéro de la machine. A noter également la présence des points en haut et en bas de feuille qui ont fait l'objet d'un précédent message.
Je n'y aurais pas pensé. Bravo Daniel ! Et belle leçon d'économie, tout à fait actuelle ;-).